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Le figuier maudit

figuier

 

 

  "Le lendemain, à leur sortie de Béthanie, il eut faim. Voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il n’y trouverait pas quelque chose. Et s’étant approché, il ne trouva que des feuilles, car ce n’était pas le temps des figues. S’adressant à lui, il lui dit : « que plus jamais personne ne mange de tes fruits ! » Et ses disciples écoutaient. Marc 11 : 12-14

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En passant le matin, ils virent le figuier desséché jusqu’aux racines. Pierre, se rappelant, lui dit : « Rabbi, regarde, le figuier que tu as maudit est tout sec. » Jésus leur répond et dit : « Ayez foi en Dieu. En vérité, je vous le déclare, si quelqu’un dit à cette montagne : « Ôte-toi d’ici et jette-toi dans la mer, et s’il ne doute pas en son cœur mais croît que ce qu’il dit arrivera, cela lui sera accordé. C’est pourquoi, je vous le déclare : tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu et cela vous sera accordé. Et quand vous êtes debout en prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez, pour que votre père qui est aux cieux vous pardonne aussi vos fautes. » Marc 11 : 20-26

 

Un autre passage de la Bible nous parle de la malédiction du figuier :

« Comme il revenait de la ville de bon matin, il eut faim. Voyant un figuier près du chemin, il s’en approcha mais il n’y trouva rien que des feuilles. Il lui dit : « Jamais plus tu ne porteras de fruits ! » A l’instant même, le figuier sécha. Voyant cela, les disciples furent saisis d’étonnement et dirent : « comment, à l’instant même, le figuier a-t-il séché ? » Jésus leur répondit : « En vérité, je vous le déclare, si un jour vous avez la foi et ne doutez pas, non seulement vous ferez ce que je viens de faire au figuier, mais même, si vous dites à cette montagne : « Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, cela se fera. Tout ce que vous demanderez dans la prière avec foi, vous le ferez. »

 

   Lorsque comme moi, dès l’enfance, l’on a reçu une éducation religieuse basée sur les textes saints, ce passage de la Bible ne nous pose pas de véritable problème. On se dit que oui, bien sûr, Jésus était tout à fait capable de provoquer le dessèchement d’un figuier par la force de sa pensée, et l’on ne se pose même pas la question de la raison de son geste. Jésus décida un jour qu’il en serait ainsi, et il en fut ainsi. Point. La plupart des croyants interprètent ce texte de la façon suivante : à travers le figuier, Jésus s’adresserait en réalité à tous ceux dont il considérait qu’ils ne portaient pas suffisamment de fruits, et qui donc, auraient mérité de subir le même sort que le figuier. Cet épisode de la vie de Jésus m’a toujours mise un peu mal à l’aise, ou plutôt ce sont les explications que l'on m'en donnait qui me gênaient. Mais comme la plupart des gens, pendant longtemps je ne me suis pas vraiment posé de questions à ce sujet. Je l’ai accepté comme tel, ainsi que j’acceptais tous les autres miracles de Jésus, de même que ses paroles et ses décisions d’une manière générale.  

 

   Sauf que ce miracle-là n’était pas tout à fait comme les autres, il ne résonnait pas réellement, comme un miracle au sens propre du terme, d’ailleurs, mais bel et bien comme une malédiction. Selon moi, un miracle a plutôt une connotation positive, il émane d’une force d’amour. Or, où se trouvait l’amour dans cette exclamation péremptoire : « Jamais plus tu ne porteras de fruits ! » ? Dans quel autre passage de la Bible, Jésus, qui était le symbole même de l’amour, de la douceur, du pardon, de la paix, prononça-t-il des paroles de malédiction ? Même lorsqu’il chassa les vendeurs du temple, il n’en prononça pas. Par son geste de renverser les tables, il témoigna de sa colère et en donna l’explication à l’instant même, mais il ne maudit pas les vendeurs. Pourtant, Jésus aurait eu là une bonne raison de le faire, car ces hommes étaient en train de profaner un temple. Il se mit en colère à cause du fait que cette pratique avait fini par emporter l’adhésion de tous et ne choquait plus personne. C’était devenu une chose banale, une habitude que plus personne ne remettait en question, pourtant celle-ci consistait à souiller la maison de Dieu ! Mais Jésus ne maudit pas pour autant les hommes qui se prêtaient aussi facilement et couramment à ce sacrilège. Et il aurait maudit un figuier qui ne faisait rien d’autre que manifester sa nature de figuier selon chaque saison ? Le verset nous le dit bien : ce n’était pas la saison des figues, et donc, en toute logique, le figuier ne pouvait pas en posséder à ce moment-là, il n’avait que des feuilles. Il était donc tout à fait impossible à quiconque d’y cueillir des figues. Sauf… quand on s’appelait Jésus. Car dans l’histoire, personne ne s’est jamais demandé pourquoi Jésus, maître du temps et des énergies, n’eut pas, tout simplement, l’idée d’opérer un miracle sur le figuier en y faisant apparaître et mûrir des figues instantanément. Il aurait bien évidemment été capable de le faire, comme il avait déjà opéré de nombreux miracles auparavant, lors, notamment, de la multiplication des pains. Mais il ne le fit pas, il préféra maudire le figuier. Pourquoi ? Pourquoi Jésus commit-il ce geste qui ne cadre pas du tout avec sa personnalité aimante, compatissante, douce et indulgente ? Pourquoi se montra-t-il injuste envers le figuier qui n’avait rien fait de mal ? Et d’ailleurs, pourquoi s’adressa-t-il à ce figuier comme s’il était humain ?

 

   Il est évident que les paroles et les gestes de Jésus ce jour-là ont une valeur symbolique, mais peut-être pas celle que l’on imagine. Et si la réponse à cette énigme se trouvait dans la dernière phrase : « Et quand vous êtes debout en prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez, pour que votre père qui est aux cieux vous pardonne aussi vos fautes » ? Au premier abord, l’on peut se demander ce que cette notion de pardon peut bien avoir à faire avec la malédiction proférée par Jésus contre le figuier. Que voulut dire Jésus à travers ces mots ? Exprimait-il des remords suite à son geste, et sollicitait-il le pardon de ses disciples pour l’avoir commis ? Ceci serait étonnant, car si c’était le cas, Jésus leur aurait tout simplement dit quelque chose comme : « pardonnez-moi ce geste commis sous le coup de la colère. » Or, premièrement, Jésus ne semblait pas être en colère au moment où il passa près du figuier. Deuxièmement, il n’avait aucune raison de l’être à la seule vue de l’arbre. Pourquoi aurait-il été en colère à cause de quelque chose de tout à fait naturel ? Un figuier ne donne pas de fruits avant que ce soit le moment. Troisièmement, Jésus ne se mettait jamais en colère. Même lorsqu’il aurait eu des raisons de l’être, il ne l’était pas, car il était de nature aimante et douce, toujours rempli de compassion envers tous, quelque fussent les fautes des uns et des autres.

 

   C’est pourquoi je pense que ce jour-là, le fait de passer près du figuier donna vraisemblablement une idée à Jésus : il allait enseigner une nouvelle leçon à ses disciples. Car après son geste et leur réaction à ce geste, Il leur dit bien : « si quelqu’un dit à cette montagne : « Ôte-toi d’ici et jette-toi dans la mer, et s’il ne doute pas en son cœur mais croît que ce qu’il dit arrivera, cela lui sera accordé. C’est pourquoi, je vous le déclare : tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu et cela vous sera accordé ». Jésus énonça là l’une des vérités démontrées par la physique quantique : la pensée et la parole exprimant la pensée ont le pouvoir d’agir sur la matière. Autrement dit, ce que nous souhaitons très intensément avec la certitude que cela arrivera, se produit réellement, en bien comme en mal. Et c’est bien cette vérité que Jésus venait de leur démontrer à travers la malédiction du figuier, la différence avec ses miracles précédents étant que cette fois, le résultat était néfaste puisque, ainsi que le constateront le lendemain les disciples, qui le feront remarquer à Jésus, le figuier dessécha jusqu’aux racines.

 

   Que semble avoir voulu exprimer Jésus à travers ce geste, et pourquoi ajouta-t-il cette notion de pardon à la fin de ses explications ?

   Il me semble évident que nous devons lire ce texte comme une métaphore. Le figuier, à qui Jésus s’adressait comme s’il était humain, représente évidemment une personne. Mais quelle genre de personne ?

 

   Intéressons-nous dans un premier temps à la description du figuier. Lorsque Jésus aperçut l’arbre, comment était-il ? Il est dit qu’il avait des feuilles, ce qui laisse supposer qu’il était en bonne santé et en voie de produire des fruits, même si à ce moment-là il n’en contenait pas puisque ce n’était pas la saison. Pourtant, Jésus qui le savait, choisit de maudire l’arbre, pour cette même incroyable et insensée raison. Que se passa-t-il ensuite ? Il ne nous est pas seulement dit que ses feuilles se desséchèrent, mais que le figuier tout entier était desséché jusqu’aux racines.

 

   À présent, comment transposer cette expérience du figuier à l’expérience humaine ? Imaginons un être humain en train de vivre une expérience spirituelle avec Dieu. Cet homme a décidé un jour de changer de vie en laissant tomber ses habitudes néfastes, autant pour lui-même que pour ses semblables, et de devenir quelqu’un de bien. Mais la chose n’est pas facile, et même parfois extrêmement difficile. Il n’est pas si aisé de se défaire d’habitudes toxiques. Alors, il prend de bonnes résolutions, il promet qu’il ne fera plus ceci ou cela, qu’au contraire dorénavant il fera ceci ou cela, mais il rechute encore quelque fois, même si au fil du temps il fait beaucoup de progrès. Vient à passer par là une personne beaucoup plus évoluée spirituellement, qui elle, a commencé ce chemin bien avant lui, qui a résolu bon nombre de ses propres problèmes, de sorte qu’aujourd’hui on peut dire d’elle qu’elle est devenue une bonne personne. Apprenant un jour les agissements de cet homme, dont les actes ne sont pas en conformité avec ses mots, la personne en question ne comprend pas. Elle juge ses agissements de façon négative et le condamne immédiatement. Elle lui en fait part à travers des paroles dures. Peut-être même qu’elle emploie des mots extrêmes comme : « sois maudit ! »

 

   Que se passe-t-il alors ? Notre homme, qui fait de gros efforts depuis longtemps pour changer de vie, mais à qui il arrive encore de chuter, est tout honteux et se culpabilise, non seulement pour ce qu’il a fait, mais plus globalement pour ce qu’il est. Il reçoit ces mots comme une condamnation selon lui tout à fait normale, et l’assurance démoralisante qu’il ne parviendra jamais à changer. C’est alors que ce « figuier tout juste vert et encore sans véritable fruits qu’il est se dessèche jusqu’aux racines », autrement dit jusqu’aux racines de son être, jusqu’au plus profond de lui-même. Ce ne sont pas seulement ses feuilles qui se dessèchent, c’est-à-dire ses espoirs de guérison de certaines addictions, mais son être tout entier, qu’il condamne lui-même irrémédiablement. Dans ces conditions extrêmes, il est fort probable que cette personne va abandonner ses efforts, et retourner à son état préalable.

 

   Lorsque nous adressons des paroles négatives à quelqu’un, nous lui jetons un sort, d’une certaine manière, un sort que cette personne ressentira comme tel si elle ne jouit pas d’un mental fort. Il se peut alors que tous les efforts qu’elle aura faits pour devenir cette meilleure personne qu’elle souhaite être, soient complètement anéantis à cause de ces paroles. C’est pourquoi il est nécessaire de faire très attention à nos paroles lorsque nous sommes tentés de juger et de condamner. Chacun d’entre nous se trouve à une certaine étape de murissement de ses figues. Certains figuiers sont plus avancés que d’autres, parce que leur pousse a commencé avant, parce qu’ils ont bénéficié d’un meilleur engrais ou de meilleures conditions climatiques, ou pour tout autre raison. Certains autres ont commencé leur croissance plus tard et ont besoin de plus de temps pour arriver jusqu'au murissement de leurs fruits. Il convient de se montrer patient envers chacun, en respectant son rythme d’évolution, de ne pas le juger et de lui pardonner ses erreurs de parcours s’il y en a. Que nous dit Jésus ? « si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez, pour que votre père qui est aux cieux vous pardonne aussi vos fautes ». Aucun d’entre nous n’est parfait. Tout le monde commet des erreurs, et Dieu est seul juge en la matière. Aidons-nous les uns les autres sur nos chemins spirituels, plutôt que de nous montrer du doigt, nous juger et nous condamner mutuellement. Et n’oublions plus jamais que nos pensées et nos mots ont un impact beaucoup plus important que nous ne l’imaginons.   



22/02/2023
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