paroles-pour-l-humanite

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Légendes ou signes des temps ?

« Comme les foules s’amassaient, il se mit à dire : « Cette génération est une génération mauvaise ; elle demande un signe ! En fait de signe, il ne lui en sera pas donné d’autre que le signe de Jonas. Car de même que Jonas fut un signe pour les gens de Ninive, de même aussi le fils de l’homme en sera un pour cette génération. Lors du jugement, la reine du midi se lèvera, avec les hommes de cette génération et elle les condamnera, car elle est venue du bout du monde pour écouter la sagesse de Salomon ; eh bien ici, il y a plus que la sagesse de Salomon. Lors du jugement, les hommes de Ninive se lèveront avec cette génération, et ils la condamneront, car ils se sont convertis à la prédication de Jonas ; eh bien il y a ici plus que Jonas ». Luc 11 : 29-32

 

 Quel message nous délivrent ces versets quelque peu énigmatiques ? De quoi, de qui est-il question ici ?

 

   Voyons tout d’abord quels personnages sont évoqués, et qui ils sont. Ceux-ci sont au nombre de trois : Jonas, Salomon et la reine du midi. Comme nous savons déjà que Jésus ne puisait pas ses mots et ses exemples au hasard, nous pouvons aisément supposer que ceux-ci étaient importants à ses yeux, et leur association l’était vraisemblablement encore plus. Rappelons donc qui étaient Jonas, Salomon et la reine du midi, trois personnages de l’ancien testament.

 

   JONAS (voir le livre du même nom, dans la Bible)

 

   Jonas était prophète. Il vécut sous le règne de Jéroboam 2 (782 à 753 avant J.C) Rappelons qu’un prophète était considéré comme un élu de Dieu, missionné pour délivrer des messages à son peuple. Or, un jour, Dieu s’adressa à Jonas et lui demanda d’intervenir auprès du peuple de Ninive pour, précisément, l’informer d’un avertissement divin. Avant d’évoquer le message proprement dit, attardons-nous un peu sur la ville de Ninive : « Ninive est l'une des plus anciennes cités de Mésopotamie. Elle était un important carrefour de routes commerciales traversant le Tigre. Elle occupait une position stratégique sur la grande route entre la mer Méditerranée et le plateau iranien, ce qui lui a apporté la prospérité, de sorte qu'elle est devenue l'une des plus grandes cités de toute la région. Elle doit néanmoins sa plus grande expansion urbaine au choix du roi assyrien Sennacherib d'en faire la capitale de son grand empire au début du VIIème siècle av. J.-C… ; dans la Bible hébraïque et chrétienne, Ninive est fondée par Nimrod. Les Assyriens ayant dominé les royaumes d'Israël et de Juda, son image y est négative. Les Livres de Nahum (663 - 612 avant J.C) et de Sophonie (640 - 609 avant JC) prophétisent et décrivent sa destruction (source Wikipedia) ». 

 

   Ninive était une ville gangrénée par la haine et la violence. Du plus petit et du plus anonyme citoyen au plus haut placé, tout le monde était acteur et victime à la fois de cette violence généralisée. A tel point que Dieu lui-même demanda à Jonas d’intervenir, en tant que prophète, pour prévenir le peuple que s’il continuait à se comporter de la sorte, sa punition serait ni plus ni moins que la destruction totale de leur ville. Mais, en son for intérieur, Jonas refusa cette mission et prit la fuite, car il craignait la réaction du peuple et surtout celle des autorités s’il leur parlait de cette façon. Il pensait ainsi échapper au regard de Dieu et à ses reproches. Ce qui peut se comprendre. Transposons un instant la situation d’alors à notre époque. Imaginons que nous habitons une ville ravagée par la violence – crimes, viols, tortures, fraudes et corruptions en tous genres – et que Dieu s’adresse un jour à nous pour nous dire : prends la parole sur telle chaîne de télévision locale et dis à tous les habitants de ta ville que s’ils ne changent pas radicalement de comportement, je vais tout détruire. Il y a peu de chance que vous acceptiez immédiatement la mission, sans aucune appréhension, n’est-ce pas ? Et ceci même si vous êtes quelqu’un de connu et de reconnu, ainsi que l’étaient les prophètes de l’époque. Car il y a fort peu de chance que les autorités, elles-mêmes corrompues, vous laissent vous exprimer jusqu’à la fin. Ce serait plutôt l’Omerta immédiate. Dans le meilleur des cas, si vous habitez dans un pays libre, vous deviendrez la risée de tous et porterez à jamais l’étiquette de « complotiste ». Dans le pire, vous pourriez être emprisonné, voire torturé, ou même tué.

 

   De la même façon, Jonas prit peur et préféra prendre la fuite.

  Pour ce faire, il embarqua sur un bateau. Pendant la traversée, survint soudain une tempête si violente que les marins éprouvèrent le besoin de prier chacun leur Dieu pour en être délivrés. La tempête perdurant et s’intensifiant, ils tentèrent de découvrir quel passager pouvait bien être la cause de ce terrible orage, aussi soudain qu’inattendu, zébré d’éclairs effrayants. Peut-être par l’effet d’une intuition, cette violente tourmente leur paraissait surnaturelle. C’est pourquoi ils utilisèrent un quelconque jeu divinatoire pour en savoir plus, lequel leur livra le nom de Jonas. Ce dernier admit être vraisemblablement la cause de cette catastrophe. Pris de remord, il demanda aux marins de le jeter la mer, afin que l’équipage et les passagers puissent être sauvés. Ce que ces derniers se résignèrent à faire. Ceux-ci se dirent ensuite qu’ils avaient bien fait, tout en remerciant leur dieu, car la tempête cessa presque instantanément. Jonas, quant à lui, se retrouva au milieu des flots en furie, avant d’être avalé par une baleine, dans le ventre de laquelle il resta trois jours et trois nuits. Pendant ces trois jours, Jonas pria Dieu avec ferveur, sûrement plus intensément qu’il ne l’avait jamais fait de toute sa vie. Imaginez un peu la scène : seul dans le noir, grelottant de froid avec ses vêtements trempés, dans les entrailles d’un poisson ! À la fin des trois jours, la baleine recracha Jonas, qui à présent se sentait prêt à remplir sa mission. Le prophète se rendit auprès du peuple de Ninive et fit ce que Dieu lui avait demandé. Contre toute attente, non seulement on l’écouta attentivement, mais son intervention suscita une véritable prise de conscience au sein du peuple. Les habitants admirent leurs erreurs, firent leur mea culpa et prirent leurs dispositions afin de réformer complètement leur manière de vivre. Du moins pour cette fois, car malheureusement, de nombreuses années plus tard, la ville retomba dans ses excès et anciens penchants violents, à cause desquels deux autres prophètes durent intervenir (Nahum et Sophonie), pour leur annoncer, cette fois, l’inéluctable destruction de leur ville.

 

SALOMON

 

  Qui était Salomon ? Il était roi d’Israël, successeur du roi David. Son règne s’étendit de 970 à 935 avant Jésus-Christ (voir le premier livre des Rois). Le roi Salomon était réputé pour sa richesse et sa sagesse tellement impressionnante que beaucoup de gens venaient le solliciter en cas de litige. Ainsi, il est fait état, dans la Bible, de ce cas rendu célèbre dans le monde entier de deux prostituées se disputant l’enfant que chacune d’entre elles prétendait être le sien. 1 Rois 3 : 16-28. 

  Ce fut également le roi Salomon qui fit construire le temple de Jérusalem. Un vaste chantier qui dura sept ans.

 

LA REINE DU MIDI

 

  Qui pouvait bien être cette « reine du midi », dont Jésus lui-même ne semblait pas connaître le nom ? Compte-tenu du fait qu’à travers les versets dont nous parlons, cette dernière était associée au roi Salomon, on peut supposer qu’il s’agissait de la reine de Saba venue un jour rendre visite à ce dernier, chargée d’un grand nombre de richesses pour lui. (Voir rois 10). « La reine de Saba avait entendu parler de sa renommée, que Salomon devait au nom du Seigneur ; elle vint le mettre à l’épreuve par des énigmes. » 1 Rois 10 : 1

 

  Cette reine énigmatique a fait l’objet de multiples investigations au fil des siècles, dont on ne peut encore aujourd’hui, tirer de conclusions définitives. Voici ce que nous en dit nationalgegraphic.fr :

  L’emplacement de la ville de Jérusalem lors du règne de Salomon ne fait guère débat. Mais les chercheurs sont toujours à la recherche du pays de l’or et des épices où la reine de Saba aurait élu domicile. Une reine sans nom, en provenance de Saba, se rendit à Jérusalem avec de l’or, des bijoux, des épices. En quête de savoir, la reine s’intéressa particulièrement à Salomon, que l’on disait sage, et lui posa des questions complexes. Salomon releva le défi et accueillit la reine qui, en retour lui fit parvenir des offrandes. « En fait, il n’arriva plus jamais une aussi grande quantité de parfums et d’épices que celle que la reine de Saba offrit au roi Salomon. Plus tard, elle lui confia : « ta sagesse et ta prospérité surpassent tout ce que j’avais entendu dire. 1 Rois 10 : 7

  Cette rencontre biblique eut un impact incommensurable sur l’imaginaire populaire. Elle véhicula des messages de beauté, de richesse, de pouvoir, d’exotisme, d’intrigue, de magie et d’amour. La reine inspira l’élaboration de miniatures turques et perses, la création de tableaux et de musiques européennes ou encore la production du peplum hollywoodien de 1959 « Salomon et la reine de Saba », dans lequel Yul Brynner incarne le roi sage et Gina Lollobrigida sa compagne. Ces œuvres ne manquaient pas de matière pour leur développement, puisque une riche tradition littéraire se développa à partir de l’histoire biblique originale. Flavius Josèphe, auteur juif romain du 1er siècle, évoqua leur rencontre dans ses écrits.

 

  Apparu au 7ème siècle, le Coran présenta une version plus élaborée de cette histoire, tout comme le fit la littérature rabbinique juive. Le Kebra Nagast, un récit épique chrétien d’origine éthiopienne attribua la fondation même de l’Éthiopie à la reine de Saba. Selon ce texte, ce royaume de Saba se trouvait en Éthiopie. La reine et Salomon eurent un fils qui fonda par la suite une dynastie. Cette dernière fit office de gouvernement en Éthiopie, jusqu’à son dernier descendant, Haïlé Sélassié, mort en 1975.

 

  A ce jour, aucune preuve archéologique ne peut indiquer de manière définitive qui était la reine et d’où elle venait. Elle pourrait être un amalgame de personnages historiques, voire être une légende à part entière. L’emplacement même de son royaume fait l’objet de débats houleux entre les spécialistes. Certains le situent en Éthiopie, tandis que d’autres le situent dans l’ancien royaume de Saba, l’actuel. »

Dans la Bible, la reine de Saba est décrite comme intelligente, indépendante, exigeante et respectueuse. Pour Flavius Josèphe, auteur des œuvres datées du 1er siècle « Antiquités judaïques », la reine de Saba était d‘une sagesse accomplie et, à tous égards, digne d’admiration.

 

  D’autres détails très intéressants sont mentionnés sur le site nationalgeographic.fr. Mais sans aller plus loin dans les détails pour l’instant, concernant cette reine du midi, nous commençons déjà à comprendre pourquoi Jésus a eu recours à cet exemple, ainsi qu’à celui de Salomon.

 

  Revenons tout d’abord sur le cas de Jonas. Que faut-il retenir de son histoire ? Quel message celle-ci nous délivre-t-elle ? Que dit Jésus ?

 « De même que Jonas fut un signe pour les gens de Ninive, de même aussi le fils de l’homme en sera un pour cette génération. » …/… Lors du jugement, les hommes de Ninive se lèveront avec cette génération, et ils la condamneront, car ils se sont convertis à la prédication de Jonas ; eh bien il y a ici plus que Jonas. » 

Jésus le dit bien au premier verset : « Cette génération est une génération mauvaise ; elle demande un signe ! » Que voulait-il dire par là ? Transposons de nouveau la situation de l’époque à la nôtre, puisqu’il semble bien que Jésus parle également de notre époque : « Lors du jugement, la reine du midi se lèvera, avec les hommes de cette génération et elle les condamnera, car elle est venue du bout du monde pour écouter la sagesse de Salomon ; eh bien ici, il y a plus que la sagesse de Salomon. »

 

  Nous ne pouvons nier le fait que notre époque est une ère de violence telle que nous n’en avons jamais connu. La cruauté des actes violents et leur barbarie sévit partout, à tous les niveaux, dans tous les milieux, et elle est en constante augmentation, aussi bien à travers les guerres que n’importe où dans les rues des pays dits « en paix ». Mais pas seulement. La violence, ce sont aussi tous ces peuples qui meurent de faim, les enfants exploités, martyrisés, les populations immigrées dont une grande partie périt en mer en voulant fuir leurs pays en guerre. Ce sont également les femmes maintenues par les hommes en état de soumission, voire d’esclavage, au nom de règles patriarcales depuis longtemps obsolètes, et qui n’auraient même jamais dû exister. La violence, c’est le mensonge institutionnalisé et savamment entretenu, qui prive les gens de leur liberté.

 

  Le meilleur exemple du fait que cette violence est omniprésente et, sournoisement, a pris la plus grande place dans la vie des gens et même, déjà, dans le cœur de certains, du moins dans nos pays riches, c’est la prolifération de films et de jeux vidéos violents qu’un grand nombre de gens consomment sans modération avec beaucoup de plaisir, et auxquelles ils sont dépendants, comme on peut l’être de la drogue ou de l’alcool. Les médias, l’industrie cinématographique et l’industrie vidéo ludique ne sont, finalement, que le reflet de la demande, le miroir de notre société décadente.

 

  Nous aussi, très souvent, nous nous révoltons devant toute cette violence, nous crions au scandale quand nous sommes témoins, par écran interposé, de crimes crapuleux particulièrement horribles, du moins s’il nous reste encore un peu de dignité et de compassion pour nos semblables. À nous aussi il nous arrive de demander un signe à Dieu. Pourquoi tout cela ? Que pouvons-nous faire, Seigneur ? Quand vas-tu intervenir ?

 

  Serions-nous soudain frappés d’amnésie ? Avons-nous complètement oublié tout ce que nous avons laissé faire au fil du temps, qui a généré cette situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui ? Reconnaissons-le, nous savons très bien ce qu’il nous faut faire, et depuis longtemps. Nous savons, par exemple, que pour nous nourrir sainement sans risque de tomber malade, il nous faut produire des aliments sains, et que pour ce faire, nous ne devons tolérer aucune pulvérisation de substance chimique sur nos cultures, ni d’engrais nocifs dans nos sols. Nous savons que traiter les animaux d’abattage d’une manière aussi abominable est indigne. Nous savons qu’à des milliers de kilomètres de chez nous, des enfants sont exploités dans des conditions terribles pour fabriquer nos téléphones cellulaires, nos tablettes, et autres. Nous le savons, et pourtant, que faisons-nous contre cela ? Rien, ou presque rien. Nous nous habituons à ces situations devant lesquelles nous nous sentons souvent si impuissants. Nous nous disons que les choses sont ainsi, puis nous les oublions, nous n’y pensons même plus. Ah oui, mais alors, dans ce cas, acceptons-en les conséquences ! Inutile ensuite de demander un signe divin pour nous sortir d’une situation d’extrême violence généralisée, augmentée de celle de toutes les victimes qui auront fini un jour par s’en révolter. C’est la loi de cause à effet, tout simplement, que d’autres nomment aussi le karma.

 

  Concernant les histoires de Jonas et de la reine de Saba, certains prétendent qu’il s’agit de légendes. Ils disent qu’il est impossible pour un être humain de rester trois jours dans le ventre d’un poisson, puis d’en ressortir vivant, que l’estomac de l’animal le broierait forcément et que la personne atterrirait inévitablement en bouillie dans ses intestins. Quant à la reine de Saba, nul n’est capable de dire d’où elle venait exactement, et d’ailleurs, elle n’avait même pas de nom. Un tel mystère planait autour d’elle, que tout porte à croire à un personnage imaginaire, une sorte d’entité symbolique. La reine de Saba aurait-elle pu être un ange envoyé par Dieu pour tester la foi et les connaissances spirituelles de Salomon ?

 

  Quoi qu’il en soit, est-ce vraiment important ? Ne sont-ce pas plutôt les messages véhiculés par ces deux histoires aux symboles forts qui le sont ? Pourquoi Jésus y fit-il référence ? Et en quels termes ?

 

  Prenons l’expérience de Jonas. Que voulut exprimer Jésus en relatant celle-ci ? Il dit : « En fait de signe, il ne lui en sera pas donné d’autre que le signe de Jonas. » Mais quel est ce signe ? Quels sont les messages que Jésus voulut faire passer à travers l’expérience de Jonas ? La première, et la plus importante, me semble-t-il, c’est que Dieu aime énormément son peuple, autrement dit les êtres vivants créés par lui. Ne voulut-il pas dépêcher son fidèle émissaire, Jonas, auprès de ses semblables, pour les exhorter à changer d’attitude, avant que le pire ne survienne ? Cela signifie que Dieu a de la compassion pour les hommes, et qu’il ne veut pas leur mort, quoi qu’ils aient pu faire, mais qu’au contraire il veut les voir survivre, et qu’il est prêt à leur pardonner. Dieu aurait très bien pu se dire : « j’en ai assez de ces gens ivres de sang et de violence, je vais les exterminer jusqu’au dernier », et l’on n’en parlait plus. Mais non, Il préféra, ainsi qu’Il le fit souvent par le passé et qu’il le fera encore après, leur offrir une dernière chance, en leur envoyant un prophète qui leur expliquerait la marche à suivre. Dieu laisse toujours une nouvelle chance à tous ceux qui démontrent de la bonne volonté à revenir dans la voie juste, c’est-à-dire celle qui garantit l’amour, le respect et la compassion envers autrui.  

 

  La deuxième leçon à retenir de ce récit biblique, c’est que Dieu ne demande pas à ses émissaires d’intervenir dans des situations dont Il sait qu’elles sont vouées à l’échec. S’Il avait pensé que les habitants de Ninive étaient vraiment trop cruels, sanguinaires et d’ores et déjà irrécupérables, il n’aurait pas envoyé Jonas vers eux pour tenter de les faire changer de voie. Mais ce qu’il attendait de lui, c’est un gage de confiance à cet égard. Or, Jonas manqua de foi et préféra renoncer, du moins concernant cette mission très particulière, parce qu’ensuite, une fois dans le ventre de la baleine, il démontra par ses prières ferventes et ininterrompues qu’il croyait en la possibilité d’une intervention divine. Que fit Dieu ? Il donna aussi une nouvelle chance à Jonas en le sauvant, et ce dernier trouva ensuite la force d’aller parler au peuple. Cette fois, Jonas ne refusa pas la mission. On peut extrapoler en imaginant ce que Jonas s’est peut-être dit à ce moment-là : « si j’ai été capable de résister et d’échapper à la mort, d’abord dans les vagues en furie et ensuite dans le ventre d’un poisson, je serai bien capable d’affronter les autorités de Ninive ». Ainsi, nous voyons que son expérience de vie, en apparence négative, au contraire lui aura servi pour la suite. À lui-même ainsi qu’à d’autres.

 

  Quel message pour nous aujourd’hui, comme pour les gens de cette époque ? Ne sommes-nous pas tous un peu des Jonas, finalement ? Nous nous disons et nous pensons sincèrement croyants, mais quand vient le moment de nous positionner par rapport à telle ou telle chose anormale, qui exigerait de nous d’intervenir par la parole ou l’action, parce que cette chose devrait logiquement susciter notre juste indignation, nous fuyons. Or l’adage ne dit-il pas : qui ne dit mot consent ? Jésus n’a-t-il pas dit lui-même : « Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites. » Eh oui, car cette affirmation est valable dans les deux sens : toutes les fois que vous ne l’avez pas fait, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. » Autrement dit, quand vous rejetez vos frères, ou que vous ne leur venez pas en aide quand ils crient au secours, c’est moi que vous abandonnez, méprisez et rejetez. 

 

  Nous avons tous une responsabilité dans l’état actuel de notre monde, et un devoir d’assistance, ou si ce n’est pas possible, au minimum de positionnement clair, calme et pacifique mais affirmé, envers nos concitoyens maltraités, d’avertisseurs lorsque les événements vont trop loin, d’éclaireurs éthiques pour tous ceux qui cherchent à sortir des vieux schémas limitatifs et oppresseurs. Certains le font, ils sont ce que l’on appelle des lanceurs d’alertes, des guides spirituels. Ils ont, en quelque sorte, remplacé les prophètes. Mais ils ne sont pas encore suffisamment nombreux pour inverser la tendance.

 

  On ne peut pas, d’un côté, se faire tout petit et se voiler la face devant les atrocités dont nous sommes quotidiennement témoins, tout en veillant scrupuleusement à ne pas trop se faire remarquer, et de l’autre demander un signe divin pour se sortir d’une situation devenue inextricable, parce qu’envenimée au fil du temps à cause de notre indifférence.

 

  Évoquons maintenant la reine du midi. Il est intéressant de remarquer que pour mettre en avant la sagesse de Salomon, Jésus a choisi le personnage d’une reine sans nom « venue du bout du monde ». Un être par conséquent plutôt mystérieux et insaisissable. Notons d’ailleurs que ce personnage envoyé par la providence pour rencontrer Salomon afin de le tester spirituellement, en quelque sorte, était une femme et non pas un homme. Qui plus est une femme réputée aussi érudite et intelligente que belle, et qui possédait elle-même de grandes connaissances spirituelles, puisqu’elle avait des énigmes à lui proposer. Quelle définition le dictionnaire Larousse nous donne-t-il du mot « énigme » ? Un jeu d'esprit où l'on donne à deviner une chose définie ou écrite en termes obscurs. Wikipedia nous offre cette autre définition, assortie d’un exemple : « jeu d'esprit mettant à l'épreuve la réflexion de l'interlocuteur qui doit répondre à une interrogation dont le sens est caché sous une parabole ou une métaphore. Œdipe résolut l'énigme du Sphinx, libérant Thèbes de ce monstre qui dévorait les passants ». Ceci supposait donc que la reine de Saba était suffisamment intelligente pour préparer à l’avance les solutions à ces énigmes, qu’elle avait donc déchiffrées elle-même au préalable.

 

  Comme Jésus ne laissait jamais rien au hasard, on peut penser qu’il ne choisit pas non plus cet exemple fortuitement, mais qu’au contraire, il l’avait judicieusement adopté. Nous pouvons voir en ce choix un acte courageux pour l’époque, où les femmes n’étaient pas censées apporter des connaissances aux hommes, ni même les partager, encore moins dans le but de tester ces derniers, mais plutôt leur être soumises et écouter religieusement leurs « bonnes paroles ». Je n’irai pas jusqu’à dire que Jésus était féministe, mais en tout cas, il donnait là une image de la femme totalement différente de l’image habituelle : un état de soumission obéissante aux hommes, exigée et même légiférée par les autorités religieuses. Qui plus est, et ceci était encore plus impensable pour l’époque, Jésus semblait vouloir dire que dans les derniers temps de notre terre, avant l’arrivée de la nouvelle ère où cette dernière serait purifiée, c’est une femme qui présiderait au jugement, puisqu’il dit : « Lors du jugement, la reine du midi se lèvera, avec les hommes de cette génération et elle les condamnera… » Serait-ce la même femme, ressuscitée, qui tiendrait ce rôle ? Ou s’agit-il d’une autre femme ? Ce qui pourrait nous suggérer que la reine du midi était, en effet, plus un symbole qu’une véritable personne. Quel pourrait être ce symbole, dans ce cas ? Celui de la justice ? De la sagesse ?

 

  Quels autres symboles forts faut-il dégager de cet exemple de la « reine du midi venue écouter la sagesse de Salomon ? » Car ce sont bien des clés de compréhension que la reine vint apporter au roi, ce qui permit à ce dernier d’acquérir une plus grande sagesse encore, au moyen des énigmes qu’elle lui posait. Tout le monde connaissait déjà la sagesse de Salomon, mais il est probable que la reine du midi vint révéler en celle-ci quelque chose de plus puissant encore, de plus mystique et de divin, et cela fut prouvé par ces fameuses énigmes, que l’on peut supposer occultes, et que seul un esprit très élevé spirituellement pouvait décoder.

 

  Que peut-on en conclure ? Que la sagesse de Salomon était réellement exceptionnelle. Et pourtant, Jésus dit : « il y a ici plus que Salomon ». De même il dit : « il y a ici plus que Jonas. » Que signifient ces mots ? Ils indiquent que, aussi puissantes qu’aient pu être la foi de Jonas qui fut libéré du ventre d’un poisson, rien ne peut égaler celle du fils de l’homme tel que Jésus se présentait lui-même, lui qui vint sur terre pour y remplir une importante mission d’amour, et qui savait pertinemment qu’à l’issue de celle-ci il mourrait dans d’atroces souffrances. Mais il avait une telle foi qu’il accepta immédiatement cette mission sacrée, dont l’objectif était de sauver l’humanité.

 

  Rien ne peut non plus égaler sa sagesse divine, y compris celle de Salomon, pourtant extrêmement célèbre et citée en exemple dans le monde entier, encore aujourd’hui. Toutefois, Salomon était-il capable d’opérer des miracles ? De prédire l’avenir ? Avait-il le pouvoir de lévitation ? Et surtout, Salomon prêchait-il et vivait-il au quotidien l’amour inconditionnel, lorsqu’il se positionnait à la tête de ses armées pour y mener d’effroyables combats sanguinaires ? 

 

  Il en est qui découvrent dès l’enfance la personne de Jésus, et qui ensuite ne la lâchent plus jusqu’à la fin de leur vie. Ces personnes sont rares, mais elles existent. Il en est d’autres qui le connaissent très jeunes, puis qui s’en éloignent, parce que le doute les taraude et qu’ils ont besoin de faire leurs propres expériences. Nul ne peut prétendre que ceci soit une mauvaise chose, au contraire, c’est sans doute une bonne chose, car non seulement ces personnes avaient besoin de passer par la case expérience, mais leur parcours spirituel leur a sûrement permis de découvrir ce qu’ils n’auraient pas découvert autrement, et ceci sous un éclairage différent, pouvant apporter quelque chose de plus à la connaissance universelle. Un troisième groupe de personnes n’a jamais entendu parler de Jésus, et pour certaines, n’en ont jamais éprouvé le besoin. Parmi ces dernières, certaines seront pourtant séduites par ses paroles, pendant que d’autres y resteront réfractaires. Quoi qu’il en soit des parcours de chacun, je pense que tout le monde a entendu parler un jour ou l’autre de Jésus, et que les esprits spirituels finissent toujours par se rendre compte que nulle autre vérité ne peut être plus puissante et vivante que la sienne. Pourquoi ? En premier lieu du fait de son sacrifice. Quel plus puissant et plus bel exemple d’amour que d’accepter de s’offrir en sacrifice pour des milliards d’humains qui nous sont étrangers ? Par ailleurs, quand on a fait le tour de toutes les religions, de toutes les traditions, de toutes les légendes, de tous les symboles, et que l’on arrive à la personne de Jésus, je pense que l’on a atteint l’ultime niveau. Il n’en est pas d’autre, ni de plus spirituel, ni de plus sage, ni de plus sacré. Tout le mystère de l’univers est caché dans l’extraordinaire et inégalable expérience de Jésus, qui a sacralisé la vie à travers sa mort. Lorsque l’on revient vers sa philosophie, après avoir exploré une diversité de domaines spirituels ou religieux, l’on se dit que cette fois, ça est, on est au bout. On touche au but. La philosophie de Jésus est plus fine, plus sage et plus intelligente que toutes celles existantes. La raison principale en est que l’amour y préside. Or, en dehors de l’amour, qui est aussi la vie, la vérité, la liberté, il n’y a rien. Tout le reste n’est qu’illusion. En résumé, quand on a rencontré Jésus, mais réellement et non superficiellement, alors on a tous les atouts en mains pour vivre une vie épanouie et heureuse.

 

  Toutefois, ce n’est pas pour autant que le chemin est terminé, car l’écriture des paroles de Jésus est si riche, si vivante, si complexe aussi, parfois, qu’elle nous demande beaucoup de volonté et d’attention dans les détails pour y dénicher de nouvelles clés, qui nous conduisent à de nouvelles clés, qui nous conduisent à de nouvelles clés… On n’arrive jamais au bout du chemin, et c’est ce qui rend le voyage si passionnant.

 

  À l’époque à laquelle nous vivons, nous ne pouvons que constater, hélas, l’état de grande souffrance dans lequel se trouve notre monde, qu’il s’agisse de la nature et des animaux ou des êtres humains. Il règne une violence telle que nous ne pouvons ignorer cette épée de Damoclès qu’est l’arme nucléaire, actuellement au-dessus de nos têtes, laquelle pourrait mettre fin à tout ce qui existe en un instant. En un éclair. La violence a atteint de telles proportions que plus personne ne pense qu’il soit possible de l’éradiquer. Et pourtant, c’est bien la seule solution qu’il nous reste, il n’y en a pas d’autre. Nous ne possédons pas non plus de terre de rechange. Tout comme il s’est montré patient et magnanime pour la ville de Ninive, Dieu se montre patient et magnanime envers nous aujourd’hui. Mais le fait est que si nous ne nous réveillons pas de cet état hypnotique qui nous conduit à notre perte, il arrivera ce qui est arrivé à cette ville par la suite. Notons que celle-ci n’a pas été détruite par un feu venant du ciel ni par un tremblement de terre ou un tsunami, mais elle est tombée aux mains du roi de Babylone, dont la réputation était aussi sulfureuse que celle de Ninive. Nous pouvons donc en déduire que là encore c’est la loi de cause à effet qui s’est appliquée : la violence ne peut engendrer que la violence, et à la fin, la seule gagnante, c’est la mort.

 

 Les théories apocalyptiques de plusieurs églises et congrégations rejoignent étrangement les visions des prophètes, des medium, des chamans, des gourous, des disciples du New Age et des sages et guides spirituels de tous horizons. Tous évoquent une fin des temps et l’avènement d’un nouveau monde pur et saint, où règneront éternellement l’amour et la paix. Légendes ou signes des temps ? Quoi qu’il en soit, si l’on choisit de croire que c’est vrai, il va de soi que dans ce monde-là ne pourront entrer ceux dont l’intention est de continuer à vivre comme aujourd’hui dans la peur, l’illusion de la séparation et la violence, au risque de réinitialiser le même processus. À quoi servirait un nouveau monde, si c’était pour qu’en peu de temps il soit de nouveau souillé comme l’ancien ? Or, tout comme nous savons qu’une seule cellule malade dans un corps humain peut contaminer toutes les autres, puis, et très vite, le corps tout entier, nous savons qu’un seul esprit hanté par la peur peut hanter tous les autres. Je pense que très bientôt, l’humanité sera scindée en deux. D’un côté, se tiendront les individus dont l’intention est de construire un nouveau monde fait d’amour, de paix, de liberté, et qui ont déjà commencé à le préparer ici, sur notre terre actuelle ; de l’autre, les individus dont l’intention est de faire perdurer l’illusion d’un monde basé sur la compétition, la cupidité, l’égoïsme, et qui utilisent la violence pour asseoir un certain pouvoir. Le fait est qu’aujourd’hui, nous n’avons d’autre solution que de faire un choix entre les deux, et rapidement, car tous les signes actuels semblent démonter que notre terre aussi a eu un début, et qu’elle est très proche de sa fin.

 

  Que l’on soit croyant ou athée, que l’on croit à la possibilité d’une fin du monde, qu’on imagine Dieu à l’origine de celle-ci ou qu’elle soit la simple démonstration de la loi de cause à effet, le résultat sera le même, si chacun de nous ne prend ses responsabilités et ne se lève pour dire : « maintenant, c’est assez, faisons machine arrière, ou sinon, acceptons les conséquences ».

 

  Je lisais hier un article très intéressant dans la revue VSD à propos de Chatgpt, grâce auquel des robots intelligents sont déjà capables de converser avec les humains, leur seule limitation étant de ne pouvoir encore expérimenter ni exprimer les émotions et sentiments humains. Aussi, pour mieux affiner ces robots intelligents, certains chercheurs ont tenté d’aller plus loin encore : « en 2016, sur Tweeter, Microsoft lance Tay, un chatbot qui se présente comme une « meuf » de l’internet qui ne se tient pas tranquille (sic). En quelques heures, des milliers de followers s’abonnent au compte. Mais comme Tay s’enrichit en permanence de ses échanges avec les humains, elle en prend rapidement les aspects les plus sombres : à la fin de la première journée d’utilisation, Tay développe des tirades antiféministes, négationnistes, avant d’assurer que Donald Trump est notre sel espoir. Les ingénieurs de Microsoft débranchent la bête le soir même. Tay démontre ainsi les limites d’un robot qui ne serait que le reflet de ce que le Net propose. (Revue VSD de février).

 

  Il démontre en même temps l’état d’esprit général de notre humanité sur un plan éthique, ce qui nous prouve, une fois de plus, que nos pensées sont créatrices, et ceci n’est pas une légende. Aussi, il est extrêmement important de veiller chaque instant à la nature de celles-ci. Car nous obtiendrons sans aucun doute de la vie et du futur ce que nous souhaitons et formulons en première intention ici même, aujourd'hui même.

 

 



16/03/2023
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