L'Amour
« Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous aimés, aimez-vous les uns les autres. À ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres ». Jean 13 : 34 (La Bible / traduction œcuménique)
UN COMMANDEMENT NOUVEAU
Si nous ne devions retenir qu’un seul verset des paroles de Jésus, ce serait celui-là. Ces paroles étaient nouvelles pour l’époque, inattendues, étonnantes, et surtout extrêmement libératrices : « je vous donne un commandement NOUVEAU ». Aux commandements existants, complétés de tout un ensemble de restrictions inutiles ou superflues, du moins pour certaines, et que les disciples s’appliquaient pourtant à observer à la lettre, Jésus en apporta un nouveau, beaucoup plus libérateur. La manière solennelle dont il présenta cette nouvelle injonction à ses disciples exprimait déjà l’importance de celle-ci. D’ailleurs, le contexte dans lequel Jésus prononça ces mots n’était pas anodin. En effet, Il le fit juste après avoir lavé les pieds de ses disciples, geste tout à fait inédit et insolite aux yeux de tous. Simon-Pierre, l’un des disciples, refusa d’ailleurs, dans un premier temps, que Jésus, en sa qualité de Maître, s’abaissât à « commettre » envers lui un acte aussi « déshonorant ». Effectivement, dans la tradition de l’époque, c’étaient les serviteurs qui lavaient les pieds de leurs maîtres. L’inverse était quelque chose d’inimaginable et de tout à fait inenvisageable. Visiblement, c’était même choquant aux yeux de Simon-Pierre, dont la réaction fut épidermique : « Me laver les pieds à moi ! Jamais ». Mais la réponse de Jésus fut, quant à elle, très significative : « Si je ne te lave, tu ne peux pas avoir de part avec moi ». Un moment après, Jésus jugea nécessaire d’expliquer son geste à tous : « Comprenez-vous ce que j’ai fait pour vous ? Vous m’appelez le Maître et le Seigneur, et vous dites bien car je le suis. Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres ; car c’est un exemple que je vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous, faites-le aussi. En vérité, en vérité, je vous le dis, un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie ».
L’intention de Jésus à travers cette action était en effet de montrer l’exemple. Non seulement à ses disciples, mais à nous tous aussi aujourd’hui, et à l’humanité tout entière. Cet exemple, c’est tout simplement celui de l’Amour, qui devrait normalement primer sur ce qu’aujourd’hui nous avons l’habitude de nommer l’Ego. À l’époque, Jésus ne tergiversa pas : « Si je ne te lave, tu ne peux pas avoir de part avec moi ». Il est intéressant de remarquer dans quels termes précis Jésus répondit à Simon-Pierre. Il ne lui dit pas : « Si je ne te lave, tu n’es plus mon disciple, ou bien « je te renvoie », ou encore « je te renie », paroles à connotation négative de rejet que l’on n’imagine évidemment pas dans la bouche de Jésus. Il dit « si je ne te lave, Tu ne PEUX pas avoir de part avec moi ». Il y a là une notion d’impossibilité matérielle, au premier sens du terme et exempte de toute connotation positive ou négative, au même titre que l’on pourrait affirmer : « l’eau ne peut pas fusionner avec le feu » ou encore « le soleil ne peut pas briller en même temps que la lune ».
Pourquoi donc cette impossibilité "technique" des disciples de Jésus « d’avoir une part » avec lui, c’est-à-dire de se trouver à ses côtés, dans la mesure où ils refusaient de se laver les pieds les uns aux autres ? En quoi leurs relations les uns avec les autres pouvaient-elles interférer d’une quelconque façon avec leur relation à Jésus ?
La raison en est évidente : Jésus vint sur terre précisément pour y incarner l’amour, pour en témoigner, et pour le manifester. L’amour était, et est sa raison d’être. Il était, et est le motif et le but ultime de son incarnation sur terre. Plus que cela encore, il représente la nature divine de Jésus. Et ce geste de pur amour posé par Lui, de laver les pieds de ses disciples, en fut l’expression la plus inattendue, la plus authentique, et peut-être la plus symbolique. En effet, Le Maître qu’était Jésus, accepta pour quelques instants de quitter sa position de Maître pour endosser celle de serviteur, et c’est bien de cette manière fortement marquée symboliquement qu’il manifesta l’amour qu’Il représentait.
En agissant ainsi, il se positionnait délibérément à l’opposé de tous les dignitaires religieux de l’époque, lesquels aimaient à se poser en Maîtres supérieurs à tous les croyants, et n’auraient jamais pu, quant à eux, envisager un seul instant de s’abaisser ainsi à laver un jour les pieds de leurs serviteurs. C’est en ce sens que Jésus vint apporter ce « nouveau » commandement de l’amour : l’amour est supérieur à tous les commandements, à toutes les doctrines, à toutes les traditions, mêmes religieuses, et surtout, il transcende l’orgueil. Dans sa réponse à Simon-Pierre, Jésus affirma sans équivoque qu’il est tout simplement impossible d’être disciple de Jésus tout en n’exprimant pas l’amour envers ses semblables. Or, l’amour passe, non seulement par le don et le partage, mais aussi par la volonté de servir les autres, aussi bien les plus petits que soi que les plus grands. Par conséquent, celui qui n’était pas prêt à faire cela ne pouvait pas se dire disciple de Jésus, pour lequel c’était au contraire parfaitement naturel, en tant qu’expression pure et entière de l’amour divin.
AMOUR ET HUMILITÉ
« Un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie » : ainsi s’est adressé Jésus à ses disciples, démontrant à quel point il incarnait l’esprit même de la divinité en tant qu’expression parfaite de l’amour. Il ne se considérait nullement comme un maître. À travers ces mots, Jésus se présentait même aux autres en tant que serviteur. Car à Ses yeux, servir les hommes, c’était servir Dieu. En effet, pour Jésus, le geste de servir représentait l’obéissance à une divine injonction d’amour, mais aussi et surtout une reconnaissance de la divinité présente en chaque être humain, puisque chacun de nous est une petite parcelle de cette divinité. Ainsi, en accomplissant ce geste du lavement des pieds de ses disciples, Jésus s’abaissait volontairement au même niveau que les hommes, Lui qui n’était pas seulement une parcelle du Divin mais le Divin lui-même. Et ses disciples le comprirent d’ailleurs très bien, car ils le considéraient comme un être surnaturel infiniment supérieur à eux.
Jésus accomplit ce geste à titre d’exemple. Il voulait que chaque être humain comprenne bien que c’est en considérant autrui comme son égal, et en le servant comme servant Dieu lui-même qu’il est possible de manifester l’amour, pas autrement.
Durant son incarnation sur terre, Jésus n’eut de cesse de répéter les mêmes mots, ou des paroles similaires, pour bien insister sur l’idée que l’amour que nous manifestons envers nos semblables est plus important que tout : « En vérité, en vérité, je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Matthieu 25 : 40
Les paroles de Jésus furent sans équivoque lorsqu’un scribe s’approcha un jour de Lui et Lui demanda : « quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus répondit : « Le premier, c’est : Écoute Israël, Le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ; tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. Voici le second : tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que celui-là ».
Dans Jean 13 : 34 on peut lire aussi : « À ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres ».
Si Jésus insista tellement sur l’importance de l’amour envers Dieu et envers ses semblables, et s’Il incita si souvent ses disciples à pratiquer cet amour au quotidien, c’est qu’il savait qu’effectivement, ce mode de comportement pouvait avoir une incidence considérable sur leurs vies. Les paroles de Jésus ont toujours autant d’importance pour nous, aujourd’hui. En poussant le raisonnement à l’extrême, nous pouvons même affirmer sans l’ombre d’un doute que si nous abritions pleinement l’amour en nous, et si nous le manifestions au quotidien, le respect de tous les autres commandements deviendrait automatique, puisque ceux-ci nous apparaîtraient évidents, logiques… Fait-on volontairement du mal à ceux que l’on aime ? Or, les commandements furent donnés un jour aux hommes justement pour les préserver du mal qu’ils pourraient faire aux autres ou à eux-mêmes. Jésus dit, dans Jean 15 : 9-10 : « Comme le père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés : demeurez dans mon amour. Si vous observez mes commandements, vous demeurez dans mon amour, comme, en observant les commandements de mon père, je demeure dans son amour ». Nous voyons bien à travers ces mots, que l’intention Divine qui émane des dix commandements était faite d’amour, dans le but de préserver la santé physique et morale des êtres humains, ainsi que leur bien-être. Rappelons quels sont les dix commandements donnés par Dieu au Mont Sinaï (Exode 20 2-17) :
« C’est moi, le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de servitude :
- Tu n’auras pas d’autre Dieu face à moi.
- Tu ne feras pas d’idole, ni rien qui ait la forme de ce qui se trouve au ciel là-haut, sur terre ici-bas ou dans les eaux sous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, et tu ne les serviras pas, car c’est moi le Seigneur, ton Dieu, un Dieu jaloux, poursuivant la faute des pères chez les fils sur trois et quatre générations – s’ils me haïssent – mais prouvant sa fidélité à des milliers de générations si elles m’aiment et gardent mes commandements.
- Tu ne prononceras pas à tort le nom du Seigneur, ton Dieu, car le Seigneur n’acquitte pas celui qui prononce son nom à tort.
- Que du jour du Sabbat on fasse un mémorial en le tenant pour sacré. Tu travailleras six jours, faisant tout ton ouvrage, mais le septième jour, c’est le sabbat du Seigneur ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, pas plus que ton serviteur, ta servante, tes bêtes ou l’émigré que tu as dans tes villes. Car en six jours le Seigneur a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’elles contiennent, mais Il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le Sabbat et l’a consacré.
- Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur la terre que te donne le Seigneur, ton Dieu.
- Tu ne commettras pas de meurtre.
- Tu ne commettras pas d’adultère.
- Tu ne commettras pas de rapt.
- Tu ne témoigneras pas faussement contre ton prochain.
- Tu n’auras pas de visées sur la maison de ton prochain. Tu n’auras pas de visées sur la femme de ton prochain, ni sur son serviteur, ni sur sa servante, son bœuf ou son âne, ni sur rien qui appartienne à ton prochain
Lorsqu’à la lumière de l’amour, en tant que commandement nouveau apporté par Jésus, l’on relit chacun des dix autres, l’on se rend compte que tous ces commandements donnés aux hommes il y a des siècles afin de les préserver, deviennent, de fait, sous-entendus, et ne représentent plus la moindre contrainte. Ils vont de soi, tout simplement.
Lorsque nous aimons notre prochain, l’idée de le spolier ou de lui mentir ne nous vient même pas à l’esprit, encore moins celle de le tuer. Dans le cas contraire, c’est que nous nous leurrons sur nos sentiments, que nous ne l’aimons pas réellement. Nous ne pouvons vouloir que le bien de celui ou de celle que nous aimons, sinon c’est qu’il ne s’agit pas d’amour. En aucun cas nous ne voudrions le contrarier ni lui nuire de quelque manière que ce soit, car nous savons que cela le ou la blesserait, et donc risquerait de le rendre moindre que ce qu’il est. Même le pire des criminels mafieux veille sur les siens et ne voudrait blesser aucun de ses enfants. Car si ce dernier ne fait aucun cas des inconnus, il éprouve un amour inconditionnel pour les siens.
Lorsque nous aimons réellement Dieu, notre créateur, nous lui sommes reconnaissants pour tout ce qu’il nous offre, individuellement ou collectivement, à travers sa création. Nous lui témoignons notre confiance, notre gratitude et notre respect, en acceptant certaines règles dont nous avons compris qu’elles furent crées par amour pour nous, avant tout afin de nous protéger de nous-mêmes. Alors, tout en comprenant cela, l’amour nous monte dans l’âme, en même temps que la reconnaissance. Dès lors, ces commandements ne sont plus perçus par nous comme des commandements, mais comme, en quelque sorte, les clauses d’un contrat d’amour entre Dieu et nous. Et cela fait toute la différence.
L’AMOUR EN TANT QUE RÉVÉLATEUR
C’est ce que Jésus avait pour mission sacrée de faire comprendre aux hommes de l’époque, et par extension à nous tous aujourd’hui. Il vint nous révéler que l’amour, en tant que « nouveau » commandement, est bien plus encore qu’un commandement, il est le révélateur de notre nature divine. Ce qui fait que lorsque nous avons compris cela et que nous mettons vraiment en pratique les conseils de Jésus : aimez-vous les uns les autres, alors les autres commandements ne sont plus des commandements, mais agissent presque sur nos esprits comme des réflexes, puisqu’ils sont gravés en nos cœurs et dirigent nos vies sans même que nous y pensions.
L’AMOUR ET LE DEVOIR
Récemment, j’ai assisté à un office religieux. Après un moment de présence dans l’église, j’ai commencé à me sentir un peu mal à l'aise au fur et à mesure que les mots d'un commentateur pénétraient mon esprit. Ce sentiment que j’éprouvais à ce moment-là est difficile à décrire. D’un côté je ressentais paix, joie et sérénité à l’idée d’être à la bonne place au bon moment, à l’écoute des paroles d’amour de Jésus, énoncées par la personne qui dirigeait l’étude biblique. De l’autre, je me sentais désagréablement interpellée par des mots qui résonnaient inlassablement comme des hiatus dans l’ensemble de son discours. Je suis très vite parvenue à isoler ces mots des autres, ce qui n’était pas très difficile tant ils étaient répétitifs : « vous devez » ; « nous devons » ; « tu dois » ; « je dois » « je me dois » ; « comme il se doit ». En toute bonne foi et avec la meilleure intention du monde, le moniteur, qui par ailleurs me semblait être un être rempli de compassion envers ses semblables, ne cessait de répéter ces mots directifs, qui résonnaient un peu comme un mantra. À tel point qu’à un moment donné, je n’entendais plus que ces mots-là, lesquels finirent par effacer tous les autres, en même temps que je me sentais inexplicablement irritée, ceci de manière inappropriée étant donné l’endroit où je me trouvais.
Tout ceci m’a amenée plus tard, en y repensant, à la réflexion suivante : lorsque nous entrons dans une église dans le but d’y entendre des paroles d’amour, de paix, de sérénité et de réconfort, quelque soit la forme selon laquelle les mots seront prononcés, est-ce que les injonctions « vous devez », « nous devons », « tu dois », « je dois » ont quelque chance que ce soit de provoquer en nous un sentiment de bien-être et d’apaisement, surtout si elles sont répétées toutes les trois secondes ? Je ne le pense pas. Elles risquent plutôt de nous faire fuir. Il me semble que ces vocables résonnent au contraire comme des sentences, s’il s’avère que l’on n’y répond ensuite dans le sens attendu. De plus, ceux-ci s’accompagnent d’une auto-culpabilisation qui ne nous place nullement en position d’écoute attentive des paroles qui pourraient nous élever spirituellement, mais au contraire, nous maintiennent dans cette position d’imperfection qui n’a aucune chance d’évoluer dans le bon sens.
Il ne s’agit pas d’incriminer ni de dénigrer qui que ce soit, car chacun fait au mieux de ce qu’il ressent et dont il est convaincu avec ce qu’il comprend de l’écriture. Toutefois, il me semble important de veiller à utiliser les mots adéquats lorsque l’on veut amener une ou des personnes à découvrir la personne de Jésus-Christ. Réfléchissons et référons-nous à la sainte parole. À quel endroit du Nouveau Testament peut-on entendre Jésus dire : « vous devez » ; « nous devons » ; « je dois » ; « tu dois ». Même en ce qui concerne ce qu’il estimait le plus important, c’est-à-dire l’amour, Jésus ne disait pas : « vous devez vous aimer les uns les autres », mais « aimez-vous les uns les autres », et c’est très différent. Dans le premier cas, les mots retentissent comme un ordre, et nous pouvons supposer que ne pas y obéir entraînera des conséquences inévitables, ce qui résonne en nous comme une punition. Ceci, bien entendu, ne cadre pas du tout avec la personnalité de Jésus qui aimait tous les êtres humains d’un amour inconditionnel. Est-ce exprimer un amour inconditionnel que de dire : je t’aimerai et tu seras récompensé seulement si tu fais ceci ou cela ? Si Jésus avait résonné et agi ainsi du temps de son incarnation sur terre, il aurait fait ni plus ni moins que tous les prêtres de son époque. Ses mots n’auraient pas parlé au cœur des foules, hier comme aujourd’hui avec cette intensité surnaturelle que nous connaissons.
Alors d’où vient qu’irrésistiblement, presque par réflexe, l’homme transforme les paroles d’amour de Jésus en injonctions culpabilisantes ? Je crois, tout simplement, qu’il le fait instinctivement parce qu’il parle selon le point de vue terrestre auquel nous sommes tous habitués et auquel nous nous référons toujours. En effet, dans notre vie quotidienne, malheureusement, l’on aime ou l’on n’aime pas en fonction de ce que l’autre répond ou non à nos attentes ; en fonction du bien ou du mal qu’il nous fait ; plus simplement en fonction de qui il ou elle est. De même, nous ne pouvons imaginer, si toutefois nous avons encore toute notre raison, qu’une personne à qui nous avons fait beaucoup de mal puisse encore nous aimer. Alors, nous transposons ces mêmes suppositions sur notre relation entre Jésus et nous. Or, ces suppositions sont fausses, car à aucun moment, Jésus n’a réagi autrement qu’avec cet amour inconditionnel qui le caractérisait. Et c’est bien pourquoi il ne disait pas « vous devez » faire ceci ou cela, sous-entendu : si vous voulez que je vous aime. Ce qui d’ailleurs aurait été en opposition totale avec sa personnalité divine d’amour inconditionnel.
De même, à aucun moment il n’a exprimé cette pensée : « je dois » dire ceci à tel homme, telle femme, à la foule, pour qu’ils m’aiment. « Je dois » guérir cet homme, cette femme, ainsi ils comprendront qui je suis et ils m’aimeront. « Je ne dois pas » agir comme ceci ou cela, sinon les gens ne m’aimeront pas, et l’on pourrait ajouter : et je ne pourrai accomplir la volonté de mon père qui est que tout homme apprenne ce qu’est l’amour véritable et comment le manifester.
Jésus incarnait l’amour véritable. Il était l’amour. En quelque sorte, en chaque situation de vie, son intention aimante fusionnait avec son acte d’amour, c’est-à-dire que l’une et l’autre s’exprimaient en même temps. Dès lors, il apparait évident qu’aucune injonction envers lui-même n’était nécessaire. En d’autres termes, la manifestation de son amour inconditionnel transcendait l’acte d’amour lui-même. Pour comprendre, ne serait-ce qu’un tout petit peu l’amour de Jésus envers l’humanité, l’amour d’une mère envers son enfant me paraît être une image approchante. Lorsqu’une mère prend son bébé sur son sein et le couve en même temps de son regard d’amour dès ses premières secondes de vie, ce n’est pas parce qu’elle s’est dit auparavant : « Je me dois » d’aimer mon enfant, n’est-ce pas ? Puis quand elle lui tend son sein pour la tétée et le cajole de douces caresses sur sa tête tout en lui chuchotant des mots tendres, à aucun moment elle n’a pensé avant : « je dois » faire cela pour que mon enfant m’aime. Ses actes, en ces instants-là, sont des expressions instantanées de son amour, elles ne ressemblent en rien à des injonctions qu’elle se fait à elle-même. De même, le bébé commence à s’attacher à sa mère dès sa première seconde de vie, et même avant, lorsqu’il se trouvait encore dans l’utérus, ce qui est la plus authentique forme d’amour : l’amour fusionnel, qui lui non plus ne répond pas à une auto motivation préalable, mais est l’expression d’une réalité préexistante à toute autre : l’amour. Puis, plus tard, si l’enfant de cette mère, une fois adulte en vient à commettre quelque grave méfait qui le conduit en prison, même si cette dernière réprouve la nature criminelle de ses actes, cessera-t-elle pour autant d’aimer son enfant ? Non, n’est-ce pas ?
Je crois que le véritable amour, ce que l’on nomme amour inconditionnel, ressemble à cet amour-là, dont la notion de « devoir » est tout à fait inexistante, et n’a même aucun sens.
Bien souvent nous n’en avons pas pleinement conscience, mais ce que Jésus est venu nous apporter à travers ces paroles : « Je vous donne un nouveau commandement : aimez-vous les uns les autres », est au contraire d’une très grande puissance libératoire, parce que, précisément, libérée de cette notion de « devoir ». Ce « commandement nouveau » nous relie au Divin d’une manière merveilleuse. Plus que cela : il nous aide à prendre réellement conscience de la nature divine de notre être et de son caractère sacré.
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